By Samia Kouider
Chaque mardi et vendredi Alger, Béjaïa Bordj Bou Arreridj, Constantine, Ghardaia, Sétif, Oran, Tizi-Ouzou, Tlemcen, ainsi que d’autres grandes villes du Nord au Sud de l’Algérie sont le théâtre de manifestations massives. Le dimanche c’est le tour des algériens à l’étranger de se mobiliser. Ce mouvement pacifique est né le 16 février 2019 où plusieurs centaines de manifestants s’étaient réunis à Kherrata, petite ville du nord pour s’opposer à cinquième mandat du président algérien Bouteflika, très malade hospitalisé à Genève et absent de la scène publique depuis des années. Le vendredi 22 février la protestation se généralise sur tout le territoire du pays: des centaines de milliers de femmes, d’hommes de tous les âges et de toutes les conditions sociales s’organisent via les réseaux sociaux et autres et après l’heure de la prière hebdomadaire, ils envahissent les rues et marchent pacifiquement pour exiger leur droits constitutionnels. Les mots d’ordre sont : « Un seul pouvoir, le peuple» et « Pour un Etat Civil, non à l’Etat militaire ». Les algériens exigent l’instauration de l’Etat de Droit.
Depuis février 2019, l’Algérie vit une nouvelle période de son histoire, il s’agit d’une rupture incontestable avec la sclérose politique, sociale et culturelle qui a dominé le pays depuis les années 90, depuis la décennie noire du terrorisme. La société civile, cette majorité jusque-là silencieuse et résignée arrache les libertés qui lui avait été confisquées : la liberté de marcher dans toutes les villes y compris à Alger où il était interdit de manifester en lieu public, la liberté de s’exprimer et la réappropriation de la parole confisquée malgré l’existence de plusieurs partis politiques d’opposition et de dizaines de journaux et de TV privés. Les algériens retrouvent aussi une unité civile nationale avec l’adhésion aux revendications sur tout le territoire du pays car toutes les villes et communes de ce vaste pays connaissent les mêmes problèmes : discrimination, clientélisme, corruption, chômage etc. sans aucune distinction. « Le Hirak est le fruit d’une accumulation d’expériences douloureuses, tragiques souvent mais toujours sordides, imposées par le régime aux Algériens depuis au moins trente ans. Depuis le coup d’état militaire du 11 janvier 1992 » écrit le journaliste Rafik Lebdjaoui[1]*, Algeria-Watch, 28 mai 2019
En effet, à chaque manifestation hebdomadaire les algériens expriment, souvent avec humorisme et grande créativité, le refus catégorique à voir leur pays administré de fait par des militaires, géré d’une manière despotique, autoritaire et sans aucune vision du futur. Ils rejettent une « bande au pouvoir » qui n’a produit que l’exclusion, le désespoir, le gaspillage voire la dilapidation de l’argent public. S’ajoute à cela la perte totale de la crédibilité des institutions de l’Etat y compris celles qui devraient protéger leurs droits constitutionnels.
A’ la 55Eme semaine de protestation nonobstant toutes sortes de tentatives pour le miner de l’intérieur et les centaines d’arrestations arbitraires, le hirak se poursuit et évolue. Très souvent le régime a eu recourt au vieux farrek tassoud (divise pour régner) et à l’intox psychologique, comme par exemple avant les élections présidentielles de décembre, où il repropose le pseudo antagonisme entre arabophones et berbérophones. Ce stratagème a tenté de justifier une répression brutale des manifestants qui portaient l’emblème Amazigh, déclaré interdit par le chef de l’armée. Des dizaines de jeunes dont ont été envoyés en prison et les tribunaux se sont vus obligés de décider sur un délit inexistant dans l’appareil juridique du pays. Cette action a échoué lamentablement. Jamais l’emblème Amazigh n’a autant été brandi dans tous les coins du vaste pays, la réalité du pays échappe complètement à ce régime depuis longtemps en rupture avec la société.
Cependant, durant cette année de mobilisation constante le mouvement de protestation a aussi subi des échecs : s’il a réussi à pousser Abdelaziz Bouteflika, ainsi que plusieurs de ses proches, à démissionner ou encore à annuler la présidentielle contestée du 18 avril et du 4 juillet 2019, il a échoué à contraindre les autorités à instaurer une période de transition, former une assemblée constituante pour refonder le système politique algérien. La société civile dans sa majorité réclame la pleine application des articles 7 et 8 de l’actuelle constitution, le premier stipule que «le peuple est la source de tout pouvoir [et que] la souveraineté nationale appartient exclusivement au peuple». Le second, que «le pouvoir constituant appartient au peuple, [qu’il] exerce sa souveraineté par l'intermédiaire des institutions qu'il se donne [et] aussi par voie de référendum et par l'intermédiaire de ses représentants élus».
Une revendication à laquelle Abdelkader Bensalah et Gaïd Salah, alors respectivement président par intérim et chef de l'armée, ont opposé une fin de non-recevoir. Le 12 décembre 2019, malgré la grande et vaste opposition populaire, le scrutin présidentiel s'est finalement tenu et s'est achevé par la victoire d'Abdelmadjid Tebboune, homme de la nomenklatura favori du général Gaid Salah ancien Premier ministre d’Abdelaziz Bouteflika, le président déchu. Selon le sentiment collectif «la gang » se colle au pouvoir et continue à ignorer la rue.
L’invisibilité médiatique, un challenge pour le hirak
“Les protestations en Algérie sont importantes, disciplinées, persistantes, non-violentes, 38 semaines. Incompréhensible qu’elles ne reçoivent presque aucune attention dans les médias internationaux. Plus grand pays en Afrique, second plus populeux dans le monde arabe. La taille du tiers oriental des États-Unis.” tweetait David D. Pearce ancien ambassadeur des Etas Unis à Alger le 10 novembre 2019, le 38ème vendredi de protestation[2]. Les algériens n’ont pas eu besoin du tweet de l’ambassadeur pour constater ce boycott médiatique. Ils le vivent chaque jour depuis le début du hirak. Le journaliste étranger est absent, le mouvement est couvert par des journalistes et photoreporters nationaux dont plusieurs correspondants de quelques médias internationaux et arabes qui souvent le classe au bas du fil des informations internationales. La rare visibilité médiatique internationale est souvent le fait de journalistes et intellectuels algériens établis et travaillant à l’étranger qui font le relais à leurs collègues sur le terrain.
Le pouvoir l’a compris et les arrestations arbitraires des journalistes et militants du mouvement sont dénoncés régulièrement par les organisations de défense des droits de l’Homme. Le dernier en date est Khaled Drareni, journaliste indépendant fondateur de CasbahTribune, RadioM et correspondant de TV5 Monde. Il a été brutalement agressé et arrêté pendant l’exercice de son travail. On leur reproche de tout jusqu’au ridicule comme le cas, pour n’en citer qu’un parmi des centaines, de Said Boudour, journaliste indépendant et militant de la Ligue algérienne de Défense des droits de l’Homme (LADDH) qui a du comparaitre au Tribunal d’Oran (350 km à l’ouest d’Alger) « pour un écrit sur Facebook » rapportent la LADDH et le Comité national de libération des détenus (CNLD) qui milite pour la libération des « détenus d’opinion et politiques » arrêtés depuis le début du mouvement de contestation du régime.
Les algériens ont continuellement dénoncé la censure subie par les plateformes de réseaux sociaux en particulier Facebook suspecté d’allégence vers le régime. De nombreux comptes d’activistes, de lanceurs d’alerte, d’opposants mais aussi de simples citoyens ont été fermés les uns après les autres, dès leur signalement. Les expatriés algériens ont manifesté devant le siège de Facebook à Paris[3], Bruxelles, Londres et Madrid et à Silicon Valley pour exprimer leur indignation face aux «restrictions imposées à l’opposition en Algérie, à travers l’antenne qui appartient aux Emirats Arabes, du géant américain des réseaux sociaux et pour transmettre un message fort au patron du plus grand réseau social au monde, Mark Zuckerberg.
Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme confirme que son compte a été plusieurs fois bloqué et déclare au quotidien EL WATAN « Ce sont des attaques ciblées contre toute personne qui porte la voix du hirak ou toute autre voix discordante. Après le verrouillage du champ médiatique, on passe maintenant aux réseaux sociaux, c’est clair : l’objectif est d’étouffer les voix qui relaient le mouvement. C’est une pratique systématique et je pense que ça va s’accentuer… C’est une guerre électronique de l’information, c’est un enjeu. Les réseaux sociaux font partie des médias alternatifs pour contrecarrer le verrouillage médiatique classique (radio, télévision)». En effet, selon Ali Kahlane , vice-président du think tank CARE, sur une population de 42 450 000 habitants, l’Algérie compte plus de 22 millions de comptes Facebook. Les internautes suivent l’actualité à 52,34% sur Facebook, 36,73% à travers YouTube et 5,2% sur Twitter. Depuis le début du mouvement populaire, Facebook est devenu une plateforme d’échanges entre militants du hirak, puis une véritable arène politique où s’affrontent les positions politiques. [4]
Le « hirak » de la diaspora
Grâce aux appels partagés largement sur les réseaux sociaux, La diaspora algérienne à l’étranger a en majorité et depuis l’avènement du hirak manifesté son adhésion à la protestation populaire et à ses revendications. Paris, Londres, Montréal, Washington, New York et beaucoup d’autres grandes villes sont le théâtre de sit-in hebdomadaires pour participer à la lutte pour la refondation d’un Etat algérien moderne et de droit. Plusieurs marches en Belgique, Canada, Espagne, États-Unis, France ont eu lieu réclamant le départ de la classe au pouvoir et en solidarité avec les nombreux détenus d'opinion. A l’appel entre-autres du collectif « Libérons l’Algérie » un groupement d’organisations associatives et politiques constituées par des algériens vivant à l’étranger, des centaines de manifestants se sont mobilisés en particulier en France où vit la majorité de la diaspora. Dans la déclaration commune il est immédiatement souligné que « notre pays vit un moment inédit, il est même historique car toutes les catégories de la société algérienne, y compris notre diaspora, se mobilisent dans la rue pour imposer le départ de tout le régime. C’est une insurrection populaire qui englobe l’ensemble du territoire algérien et elle est fondamentalement citoyenne et particulièrement pacifique ». Comme le souligne Didier Le Saout[5] qui a récolté à Paris plusieurs témoignages d’émigrés algériens en France « la protestation sur la place publique se veut également une réponse à la politique de l’Etat algérien à l’égard de ses ressortissants. « Le pouvoir a tout fait, poursuit Amar, pour culpabiliser. D’ailleurs, il a exclu constitutionnellement les Algériens de la diaspora ….ils n’ont pas le droit de se présenter aux élections présidentielles ni de prendre un poste de ministre. Vous voyez un petit peu. Et vous savez cette année, le billet d’avion il est à combien ? Il est à 850 € ». Amar ressent la montée des tarifs de la compagnie aérienne nationale comme poussant l’immigré dans le rang des indésirables : «C’est une façon, poursuit Amar, d’empêcher, de punir la diaspora pour sa mobilisation et son soutien. »
Durant la campagne électorale aucun candidat président de la république n'a fait des promesses concrètes envers la diaspora algérienne ou a au moins mentionné ses problèmes. Et pourtant durant tous les scrutins qu’a connus l’Algérie depuis l’avènement du pluralisme politique il y a trente ans, le vote des expatriés est convoité, perçu comme un baromètre de ce que va être la suite, notamment le taux général de participation. En 1995, lors de l’élection présidentielle qui avait porté le général Liamine Zeroual au pouvoir, les images de milliers d’électeurs algériens en France se précipitant dans les bureaux de vote dès le premier jour avaient largement contribué à crédibiliser le vote auprès de l’opinion publique internationale. Comme en 1995, la tenue des élections présidentielles du 12 décembre 2019 est présentée par la classe au pouvoir et ses alliés internationaux comme la seule solution à la crise. Mais l’Algérie de 2019 ne ressemble en rien à celle de 1995 qui était touchée de plein fouet par un terrorisme aveugle. En outre, les caractéristiques socio-démographiques de la diaspora algérienne ont changé en 25 ans : on en est à la troisième génération pour l’émigration ancienne mais aussi à une diaspora éparse dans plusieurs pays du globe constituée de cerveaux en fuite, de jeunes femmes et hommes instruits, souvent sortis des meilleures écoles, poussés à partir par n’importe quel moyen et n’importe où par manque d’opportunités et de futur dans le pays. Entre 2000 et 2013, sous le régime Bouteflika 840 000 algériens ont quitté le pays contre les 110.000 durant les années 90 les années noires du terrorisme, « une hémorragie grave dans l'encadrement et les élites universitaires »[6].
Ils s’informent et ils organisent et participent au hirak dans les grandes capitales, une opportunité de revanche à l’exclusion subie par eux et par leurs familles qu’ils ne peuvent manquer. Psychologue résidant en France, le Professeur M’hamed Benkherouf président de l’Alliance internationale des compétences algériennes établies à l’étranger connait bien la communauté algérienne en France, notamment les harragas[7] dont il est un de ceux qui ont proposé des outils de prise en charge du phénomène. A ce propos, dans une interview au magazine eBourseDZ.com il affirmait « la communauté algérienne établie en France, en Europe et partout ailleurs, n’a pas quitté son pays de gaité de cœur. Souvent, ce fut une politique programmée pour inciter les compétences algériennes, l’intelligentsia, les diplômés, à quitter le pays, en leur obstruant toutes les voies de recours..L’Alliance a soutenu le hirak à fond, sans réserve, contribuant à le prolonger à l’étranger. Nous avons les mêmes aspirations, les mêmes vœux que ce mouvement populaire, dont finalement nous sommes issus. Nous avons assisté… à une baisse drastique des tentatives d’immigration clandestine vers l’Europe. Je suis bien placé pour vous le confirmer. Mais cela ne veut pas dire que les demandes de visa ont cessé ; il en existe toujours…Mais il y a comme un changement dans les mentalités subitement; l’Algérien prend conscience tout à coup que ce pays est son pays et qu’il a désormais droit de regard sur la décision politique et économique, qu’il peut changer le cours des choses et qu’il peut contribuer à faire améliorer sa situation et celle de son pays. »[8]
La convergence pour le changement démocratique en Algérie (CCDA)[9] , un regroupement d’Algériens résidents en Algérie et à l’étranger de soutien au hirak souligne dans sa plateforme que « La communauté algérienne à l’étranger..est au rendez-vous notamment chaque dimanche pour apporter son soutien indéfectible à cette révolution à travers la traque des oligarques, en fuite à l’étranger avec leurs biens mal acquis, devant les instances judiciaires des pays d’accueil.. Cette communauté s’est sentie touchée au premier plan par la politique d’exclusion du système mafieux en place. La fuite à l’étranger est une conséquence directe du népotisme systémique et de la marginalisation systématique de la compétence insoumise. Le plus grand mépris à l’égard de la diaspora est constitutionnalisé en 2016 avec l’article 51 de la constitution qui viole le droit à l’égalité des algériens devant la loi. »
Cette fois-ci le système au pouvoir ne dispose plus des mêmes relais et supports à l’étranger et aucun candidat n’a mené campagne électorale auprès des algériens à l’étranger. En outre, durant leurs meetings électoraux la diaspora a été totalement ignorée.
Aucune surprise donc si la majorité des émigrés algériens participe au boycott des élections présidentielles, et organise des sit-in de protestation devant de nombreux consulats. Le caractère pacifiste des mobilisations et un efficace service d’ordre sont la règle pour envoyer le message sans équivoque au pays où ils vivent et au monde qui souvent les discriminent « nous sommes des gens civilisés» et le civisme se manifeste également par les brassards verts et gilets orange qui organisent le nettoyage des rues, s’affairent au ramassage des déchets après la fin de l’évènement. Emblématique est le vidéo publié sur la page officielle de la Police belge qui, après une manifestation contre les élections, remercie et félicite les algériens pour leur pacifisme et leur civisme. L’ « Autorité Nationale Indépendante », organisme crée par l’ex Président ad interim pour les présidentielles déclare le taux de 7,52% de participation au vote à l’étranger, le taux est à deux chiffres seulement en Tunisie (15,81%) et à Abu Dhabi (14,42) et à Lyon en France (11,63).
Jamais depuis la guerre pour l’indépendance du pays les algériens, qu’ils vivent en Algérie où qu’ils vivent à l’étranger, n’avaient connu une telle union.
Vers une nouvelle Algérie
Les acquis du hirak algérien aujourd’hui ne sont pas dans la politique du « palais » : il n’a pas participé aux dernières élections présidentielles, n’a aucune responsabilité dans les arrestations d’anciens ministres, généraux, chefs de partis et autres hauts responsables accusés de corruption et de dilapidation de biens publics, ces derniers sont avant tout une guerre interne au clan au pouvoir dans la recherche d’une nouvelle virginité. Le hirak n’a eu aucune participation dans l’élaboration du programme du nouveau gouvernement.
Les acquis de cette révolution constante est pacifique sont ailleurs et sont très importants. Le hirak a prouvé qu’il est un mouvement national en réunissant toutes les catégories sociodémographiques, sans distinction liée au genre ou à l’âge à l’appartenance ethnique et géographique. Cette mobilisation de toutes les composantes de la société trouve ses justifications naturelles dans le consensus entre les algériens autour des mêmes revendications de justice, liberté et dignité comme en témoigne tous les slogans criés ou chantés tous les mardis et tous les vendredis et devant les tribunaux. Mais aussi les débats, les discussions, les analyses sont partout dans les écoles, universités, dans les cafés, chez le coiffeur comme au marché, au hammam ou à la maison. Partout on parle et on se confronte pacifiquement, la mémoire des années de la violence est bien là, on ne la veut plus. Le protagonisme de la société civile existe donc bien aujourd’hui et quelle que soit sa visibilité ailleurs et son issue future, le pays aura enfin retrouvé la parole. Il aura expérimenté une nouvelle manière de l’agir politique, de penser aux générations futures à partir de la réalité et des besoins, des questions régionales, nationales et internationales. Il a reproposer avec force la centralité des questions démocratiques, des questions des inégalités non seulement dans le partage des ressources du pays, des questions environnementales etc.., il ne fait que rappeler les principes inspirateurs des pères fondateurs de la République algérienne et de la guerre d’indépendance : les slogans en sont emblématiques « Algérie libre et démocratique » « Liberté » « Nous nous plierons pas » « Vous avez trahi la révolution ».
Aujourd’hui vendredi 13 mars 2020, 55ème vendredi, bravant l’interdiction des rassemblements décrété hier par le Président pour prévenir l’épidémie du virus Corona, des milliers d’algériens sont sortis dans plusieurs villes du pays. L’enjeu est de taille. Beaucoup appellent à la suspension des marches. Dans un éditorial sur le journal online RadioM, Said Djaafer renommé journaliste et membre actif du mouvement écrit « Il faut arrêter les marches et les rassemblements. La pandémie du coronavirus est sérieuse. Mettre fin aux marches n’est pas une défaite, ce n’est pas concéder une victoire du pouvoir sur le hirak, loin s’en faut. Beaucoup l’ont dit et écrit et on ne peut que le répéter: le hirak a déjà gagné l’essentiel en mettant à nu, grâce à son insurrection pacifique et intelligente, la monstrueuse corruption du régime et de ses hommes. Ce régime ne peut plus se prévaloir désormais du patriotisme pour durer, les Algériens ont mis en route, sans rien casser et avec une énergie créative remarquable, le processus du changement. Un des plus lumineux mot d’ordre du hirak a été « Netrabaou gaa », ou » « Ntwa3aw ga3″ on s’éduque tous, on prend conscience tous. Avec cette crise planétaire du Coronavirus, nous le devons encore plus que jamais. Même si le régime a œuvré, pour des raisons qui n’ont rien à voir avec le patriotisme, à isoler l’Algérie, nous faisons partie du monde. La pandémie nous concerne, elle nous menace. Elle nous menace d’autant plus que notre système de santé est dégradé, incapable de prendre en charge une épidémie où le seul traitement des malades consiste à les mettre en réanimation avec assistance respiratoire. …………La crainte de perdre la grosse brèche ouverte par le Hirak dans l’interdiction de l’espace public et de l’espace-nation ne doit pas nous mener à un entêtement suicidaire…..Nous sommes déjà meilleurs grâce au Hirak….Organisons-nous autrement, restons vigilants, utilisons au maximum les réseaux sociaux, continuons à informer sur les atteintes aux libertés, mais nous devons, sans attendre, décider de nous donner toutes les chances de gagner la longue bataille politique pacifique engagée le 22 février 2019.» [10]
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Samia Kouider est une sociologue indépendante spécialisée dans les droits de l'homme et les questions de développement social.
Légende: 22 février 2019 – 22 février 2020: Happy Birthday Hirak (mouvement en arabe)
[1] Algeria-Watch, 28 mai 2019. https://algeria-watch.org/?p=72057
[2] https://twitter.com/daviddpearce/status/1193342156657823744?lang=en
[3] https://www.dailymotion.com/video/x7o0fr5
[4] https://www.elwatan.com/a-la-une/comptes-bloques-ou-signales-facebook-ce...
[5] Didier Le Saout «Faire hirak à Paris. Les mises en scène d’une révolution contre le « système algérien » «https://doi.org/10.4000/anneemaghreb.5381 p.131-146
[6] huffpostmaghreb.com, 20 septembre 2014
[7] Néologisme algérien pour définir l’émigré par voie illégale.
[8] http://bourse-dz.com/le-pr-mhamed-benkherouf-decortique-six-mois-de-hirak/
[9] https://algeriepart.com/2019/09/04/diaspora-creation-de-la-convergence-p...
[10] https://www.radiom.info/arreter-les-marches-est-imperieux-le-hirak-doit-...
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